André Kertesz

Publié le par Jul

Né en Hongrie en 1894, André Kertesz prend ses premières photos comme d’autres font des esquisses : c’est un moyen de trouver le côté poétique du quotidien, et la guerre qui éclate bientôt n’y changera rien. Alors que le pictorialisme est à la mode, Kertesz met en place son futur langage novateur, comme dans "Nageur sous l'eau" (1917).

 

 

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Crédits : Bibliothèque nationale de France

 

 

En 1925 il part à Paris, où il réalise "Satiric dancer" (1926), les images de l’appartement de Mondrian et les "Distorsions" : en seulement trois ans, Kertesz devient la figure de la modernité internationale à Paris. Lucien Vogel, à la recherche de démarches personnelles pour son magazine, choisit comme photographes Kertesz, Germaine Krull et Eli Lotar : VU est né, et avec lui le reportage photo.

 

En huit ans, Kertesz produit pour VU trente reportages, où se retrouvent toujours des constructions graphiques fortes et une grande clarté d’expression. Mais il préfère son univers poétique et travaillera aussi pour les revues Bifur et Art & médecine, et dans la photographie d’illustration où il sera très novateur. Un contrat avec Keystone l’emmène ensuite aux Etats-Unis en 1936. Le contrat est rompu assez vite, les "Distorsions" sont incomprises par les Américains, Life juge ses reportages trop parlants et Kertesz refuse les commandes dans la mode. Etranger dans ce pays dont il ne parle pas la langue et qui entre bientôt en guerre, Kertesz devra passer plusieurs années entre des commandes inintéressantes, la dépression, l’incompréhension et les prises de vues dans New York qu’il photographie de l’intérieur plus que pour elle-même. En 1963, lorsqu’il prend sa retraite, un renouveau s’opère et des expositions ont lieu à Venise et Paris. Quatorze ans plus tard, à la mort de sa femme, il achète un Polaroïd, moyen cette fois de se souvenir plus que d’innover.

  

  

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La plaque cassée, 1929, Courtesy Attila Pocze, Vintage Galeria, Budapest

 

 

Depuis que le Jeu de Paume, en 2004, s’est ouvert à la photographie, les expositions consacrées aux grands photographes académiques, documentaires, adeptes du portrait et du monde artistique, en deux mots profondément ennuyeux quand ils ne se décident pas à des productions plus artistiques, se sont succédées les unes après les autres (Lisette Model, Sophie Ristelhueber, Robert Frank, Lee Miller pour ne citer qu’eux).

 

L’avantage de l’exposition d’André Kertesz est de nous présenter un photographe qui n’a jamais pris le moindre cours pratique, et a essayé toute sa vie de garder cette spontanéité typique des jeunes photographes, ce non-besoin de se créer un style, de suivre les modes ou de se trouver des influences. Pas de style mais une même démarche poétique tout au long sa vie. Comme disait Kertesz : 

 

"C’est la grande différence entre moi et beaucoup d’autres. J’interprète ce que je ressens à un moment donné. Pas ce que je vois, mais ce que je ressens".

 

"Je me considère toujours comme un amateur [...] et j’espère que je le resterai jusqu’à la fin de ma vie [...]".

 

Une leçon de photographie utile à l’heure où tout le monde peut s’acheter un appareil photo et s’imaginer devenir un grand artiste comme le montre (mal, semblerait-il) "L'homme qui voulait vivre sa vie" actuellement sur nos écrans ...

 

 

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Chez Mondrian, 1926 © Estate of André Kertész/Higher Pictures

 

 

En parallèle de cette exposition et du Mois de la Photo, l’Institut culturel hongrois présente "Formelles", 92 rue Bonaparte, Paris 6ème.  

 

Publié dans Photo

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